Appartement
sans utilité

Cette installation interroge notre rapport au mobilier intérieur et aux postures tant physiques que mentales que nous adoptons face à notre environnement. Loin d'une approche design privilégiant l'utilité et la fonctionnalité, l'œuvre propose une correspondance formelle où les usages traditionnels sont délibérément subvertis.

L'expérience de l'installation se déploie en deux temps distincts. À première vue, l'espace se présente comme familier et rassurant, évoquant les codes habituels de l'habitat domestique. Mais cette apparente banalité n'est qu'illusion, un second regard révèle progressivement les anomalies et les perturbations qui habitent l'espace.

Structurée comme un habitat, l'installation reproduit l'agencement classique d'un appartement (salon, cuisine, bureau, chambre et cave) mais en y introduisant systématiquement des obstacles. Les meubles sont entravés dans leur fonction première, détournés de leur usage conventionnel et fusionnés avec d'autres objets utilitaires.

Ce travail explore l'espace intime, faisant de la maison à la fois un repère et un territoire d'expérimentation. L'œuvre se situe dans l'interstice entre habitat et habité, entre mobilier et sculpture. Elle cultive volontairement l'ambiguïté disciplinaire, associant détournement du mobilier, critique de l'objet design et analyse des formes. Les créations qui en résultent sont déconcertantes, évoluant dans un entre-deux : ni tout à fait sculptures, tradition-nellement affranchies du quotidien, ni vraiment meubles fonctionnels, mais plutôt des objets hybrides qui questionnent nos habitudes perceptives.

Cette installation protéiforme a été présentée dans divers lieux d'exposition, se réinventant à chaque occurrence. Sa mise en espace s'adapte et se transforme selon le contexte, oscillant parfois entre la scéno-graphie classique d'une exposition d'art contemporain et l'agencement commercial d'un salon dédié à l'habitat, brouillant ainsi davantage les frontières entre art et design, entre présentation et représentation.

crédit photos : Savina Topurska et Justine Pillon ©ESAD